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Moscou - Pékin - Istanbul : 8 pays, 25.000 km à travers l'Asie
16 juillet 2016

Sur les routes de Mongolie - Partie 1 : Vers le sud

Après deux jours dans la capitale, passés essentiellement à préparer la route que nous allons revivre ensemble dans ce récit en six parties, nous prenions le cap du désert de Gobi. Nous remonterions ensuite vers la pointe est du massif de Khangayn Nuuru, c'est à dire la région des huit lacs. Si la première destination, le Gobi, en a fait rêver plus d'un à sa simple évocation, je ne connaissais rien de la seconde.

 

Lundi 27/06/16 - Jour 1 : Oulan-Bator - Baga Gazaryn Chuluu

Nous quittons au petit matin mongol, vers 8h45, le centre de la capitale. Les premières images sont celles qui viennent juste après la ville, à peine quittés les derniers faubourgs et franchie la première côte, quand la route se transforme en piste, quand les immeubles se transforment en yourtes, quand les Hommes se transforment en troupeaux. On a l'impression que ces images sont exactement celles que l'on avait dans la tête, la faute à tous ces reportages que l'on a déjà vus, et qui semblent si tôt confirmer que la Mongolie, c'est comme à la télé. Mais c'est bien cela que l'on est venu voir, et en fait, on le voit dès les premiers kilomètres. Pourquoi continuer ? Pourquoi ne pas dire au chauffeur, c'est bon, on a vu, on fait demi-tour, ton camion n'est pas très confortable ? Peut être parce que la steppe, le désert, les vallées, il faut les vivre dans leur longueur. Je vais le dire tout de go, ce ne sont pas les quelques attractions qui jalonneront notre parcours et pour lesquelles il faut descendre du véhicule qui font le sel de cette route, mais la route elle-même, qu'elle soit motorisée ou non. La route est pour nous le fil rouge de notre voyage. Notre but est essentiellement de voir ce qu'il y a à gauche, à droite et devant nous, en avançant.

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 1_Sur les routes de Mongolie

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 2_Pas les dernières yourtes

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 3_Elle est pas belle la vie en yourte

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 4_Tout droit après la steppe

Après trois heures de route, la première halte dans un vent à décorner les bœufs. Nous nous engouffrons dans un routier. Premier thé au lait. Nous devons y engloutir une portion de pates aux petits bouts de chèvre forts en goût, plus fort encore que ces raviolis avalés le premier soir à Oulan-Bator. Les portions sont faramineuses, sans doute destinées à nourrir les lutteurs, ou tous ces gens qui ne travaillent pas dans des bureaux. Nous continuons à faire connaissance avec l'équipe, deux américains, un allemand, notre chauffeur et notre guide locaux. Nous perfectionnons notre mongol, carnet sur la table. Nous n'avons pas pris beaucoup de temps à Oulan-Bator pour nous parfaire dans cette nouvelle langue. Il est vrai qu'après mon apprentissage très basique du russe, la lecture du mongol semble avoir des particularités phonétiques qui font que tous les caractères (cyrilliques) ne sont pas à prendre au pied de la lettre, à l'inverse du russe si on oublie le foutu accent tonique et ses conséquences sur les autres voyelles, et deux trois particularités faciles à retenir. Avoir la bonne prononciation mongole en lisant les caractères cyrilliques à la russe, c'est suivre le trait mais le dépasser toujours un peu. Et c'est assez déprimant quand on commence tout juste à maîtriser l'alphabet. Il y a donc eu beaucoup moins d'investissement pour apprendre cette langue. Si nous avons appris des mots, l'apprentissage resta purement phonétique, et je garde mes envies de me replonger et de me plonger davantage dans le russe une fois ce voyage terminé. Les républiques d'Asie centrale m'obligeront d'ailleurs peut-être à y avoir recours avant cela.

Cette divagation sur le russe et le mongol, nous a permis d'éviter quelques lignes sur la fin du repas et les heures de route qui suivirent où il ne se passait pas grand chose, puisque la steppe défilait. Seuls quelques arrêts pour aider d'infortunés de la route, ensablés, à repartir, et les innombrables freinages d'urgence pour fendre les troupeaux faisant barrage en traversant la piste ou en dormant dessus, donnaient activité. En fin d'après midi nous atteignons après 230 kilomètres mongols le massif rocailleux de Baga Gazaryn Chuluu. Des roches arrondies poussées hors de terre après des dizaines de kilomètres d'un tapis vert légèrement vallonné. De bons grimpeurs de blocs pourrait s'y amuser avec les plus durs. Mais ça fait beaucoup de route quand même.

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 5_Baga Gazaryn Chuluu

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 6_Blocs perdus

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 7_Jeune bergère

Le camp de cette première nuit se trouve non loin, abrité par quelques rochers bas sur une partie légèrement surélevée d'une longue cuvette. À une petite centaine de mètres des chevaux se regroupent autour d'un cabanon abandonné. Le camp est composé de trois yourtes appartenant à une famille d'éleveurs de chèvres, dont une est à destination de touristes de passage. Une yourte d'hôtes en quelque sorte. A peine les sacs déposés, nous entrons dans la yourte familiale pour le thé au lait, servi dans un bol, que certains essaient de ne pas finir, plus ou moins habilement. Il est encore plus fort que le midi, il sent le truc sorti tout droit de la chèvre. Le début de soirée approche et il s'agit de mettre en enclos les chèvres, et de raccompagner les enfants à la yourte pour les y occuper un peu, ce qui soulagera le père.

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 8_Camp 1

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 9_Cheval blanc

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 10_Chevaux gris

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 11_On rentre à la maison

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 12_Activités à la maison

Alors que nous avons laissé les américains faire la garderie, nous nous dirigeons plein sud, tout droit en sortant de la yourte. Après une demi-heure de marche, une moto avec deux gamins sortis de nulle part se dirige vers nous. Ils nous disent leurs prénoms en anglais, prénoms impossibles à prononcer et même à comprendre, et nous leur disons les nôtres en mongol avec la phrase apprise le midi : Mèni niirik Juliette et Mèni niirik Eric. Pour mon cas c'est un véritable exercice d'orthophoniste. Passée cette introduction, ne sachant plus quoi nous dire, nous nous regardons bêtement, sourires gênés, avant que ces deux enfants ne reprennent la direction d'où ils nous sont apparus, avec un signe de la main, qui nous est apparu rester de longues secondes dans l'air. Nous restons plantés là, stupéfaits de comprendre comment ils nous ont vu, pourquoi ils sont venus, et de n'avoir pas pu dire autre chose alors qu'ils étaient-là. Nous apercevons en nous retournant, notre camp minuscule, auquel nous devons retourner désormais, avant que la nuit ne tombe.

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 13_Soudain une moto

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 14_Camp 1 de loin

Il est presque soleil couchant. Nous faisons une dernière sortie jusqu'au dessus des roches de Baga Gazaryn Chuluu. Par temps clair, les gens de passage sont tentés d'escalader quelques blocs pour s'y installer. Le froid est tombé brutalement, et nous attendons que la nature fasse son travail pour nous libérer. Nous regagnons sans traîner notre yourte peuplée de mouches qui s'agglutinent autour de l'ampoule qui pendouille en son centre. La journée si simple fut-elle, nous a épuisé.       

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 15_Sur les roches de Baga

 

Mardi 28/06/16 - Jour 2 : Baga Gazaryn Chuluu - Ulaan Suvraga

Ce deuxième jour commence par la traite des chèvres. Juliette s'y essaie avec brio sous les instructions de la jeune fille à tout faire de la famille, celle qui se baladait en T-shirt la veille au soir alors que nous étions déjà en deux-pulls-doudoune. La fille allait quand même plus vite quand il s'agissait de vider les pis. Elle était un peu moins douce avec les bêtes aussi. Un peu comme quand la veille au soir elle les guidait sans ménagement, avec l'autorité d'un dompteur du cirque Pinder, dans l'enclos dimensionné pour moitié moins de bêtes, mais qui leur permettrait au moins de se tenir chaud pendant la nuit.

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 16_La traite

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 17_Pinder

La piste est encore au programme en ce début de matinée. Nous apercevons nos premiers troupeaux de chameaux, avec un peu d'avance sur ce que nous pensions. Quelques kilomètres avant Mandalgov, la route goudronnée refait son apparition. La ville est une capitale d'aïmag poussiéreuse et construite avec de larges rues à angle droit sans trafic, où un parking de petits supermarchés fait office de place centrale où les rencontres vont bon train. Mandalgov c'est aussi la ville dont est originaire, si ce n'est un ancien premier ministre mongol qui trône fièrement, immobile, au bout de la petite artère principale, notre chauffeur. Le déjeuner se fera dans sa famille, dans un immeuble de trois étages décrépi et tombant dans les parties communes. Nous seront accueillis dans un appartement bien tenu, par un thé au lait, usage non réservé exclusivement aux arrivées dans une yourte. La grand-mère et le grand-père, habillés comme s'il faisait moins dix dehors, viendront nous saluer solennellement. Pour le côté pittoresque, nous verrons dans le salon quelques objets précieux, comme des bottes finement décorées, une guitare-violon à deux cordes et un bel échiquier, tandis que les enfants trop timides ne voulurent pas, et on les comprend, s'exécuter à quelques démonstrations sollicitées par les parents.

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 18_Le camion qui fume

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 19_Beautiful steppe

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 20_Les chameaux s'ennuient le mardi

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 21_Mandalgov avenue

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 22_Mandalgov HLM

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 23_Mandalgov carrefour

L'après midi sera une longue étape de route puis de piste jusqu'au site prisé et le méritant d'Ulaan Suvraga. Demi-canyon incompréhensible autour duquel des dunes blanches, jaunes et rouges s'étendent avant que la plaine verte ne reprenne ses droits. Une curiosité géologique qui pourrait être l'œuvre d'un studio de cinéma ne tournant tous ses plans que sur une face de canyon.

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 24_Ulaam Suvraga

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 25_Quand on arrive juste à temps

Nous installons notre campement à quelques kilomètres de là alors que la pluie commence à tomber et que le vent entraîne les toiles vers le sud. Tout cela s'arrêtera une heure plus tard. Nous profiterons d'une belle soirée dans la steppe, soleil couchant au très loin, puis quelques heures plus tard, ciel étoilé de nuit claire et gens perdues.

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 26_Camp 2

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 27_Sunset sur la steppe 1

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 28_Sunset sur la steppe 2

MPI_Article Tour Gobi Part 1_Image 29_En attendant les étoiles

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