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Moscou - Pékin - Istanbul : 8 pays, 25.000 km à travers l'Asie
29 octobre 2016

Dunhuang (et analyses)

Dunhuang, c'est un peu la ville qui nous fait faire l'inverse de ce qu'on vous a dit dans notre article précédent. On y insistait sur le fait que visiter une ville c'est justement ne pas visiter ce que les guides nous vendent. Les musées qui n'ont pas de connexion avec la ville (aller voir la Joconde ne vous fera rien connaître de Paris), les vieilles pierres qui n'en ont plus (les ruines du château de Philippe Auguste, situées presque sous la Joconde, ne vous feront pas comprendre le Paris d'aujourd'hui), les parcs qui vous en sortent (le jardin des Tuileries vous emmène plutôt dans une Tour de Babel que dans un jardin de parisiens), sont à considérer comme des activités d'une ville, des attractions. Il faudrait que ces points, puisqu'ils existent, avec bien d'autres encore, soient des prétextes de marche à travers la ville, des débuts et des fins d'itinéraires. On devrait presque les considérer avec autant d'importance que des magasins de chaussures en période de soldes, que l'on enchaîne pour trouver la bonne taille. Ça, donc, c'est ce qu'on a défendu. 

Sauf que. Sauf que Dunhuang, on l'a quand même choisie pour ses attractions. En clair, on a été attiré par ce que le guide nous a vendu : encore une oasis du désert, encore des dunes et encore des grottes remarquables. À notre avantage le fait que nous pouvons vous dire que Dunhuang était sur notre route, presque au milieu de la ligne qui relie Lanzhou à Urumqi. Ça nous rassure un peu de vous le présenter comme ça. On essaie de vous dire subtilement que ce n'était qu'une étape sur notre route, une étape logique, décidée par les kilomètres eux-mêmes.

MPI_Article Dunhuang_Image 1_Carte

Mais alors, pourquoi avoir cédé à l'appel des sites de Dunhuang, alors qu'on vous a fait tout un pataquès dans notre article sur Lanzhou ? Et bien parce que à Xi'an, avant notre fameuse révélation de Lanzhou, nous avons dû prendre une décision. Vous savez, on vous avait expliqué que les trains en Chine au mois de juillet, c'était une grosse galère pour les billets. Alors on a réservé tous nos trains jusqu'à Kashgar, d'un coup, à Xi'An. Tout cela pour ne pas rester sur le carreau, pour éviter des sièges durs et ainsi profiter de la joyeuse vie d'un wagon couchettes dures. Et donc, un peu comme ça, un après-midi, on a ouvert le guide, on a regardé les cartes, on a regardé les villes et ce qu'elles offraient, on a regardé les horaires de train encore libres, on a fait un petit planning, et au final, on a décidé de faire cette halte entre Lanzhou et Urumqi. Et on est tombé dans le panneau. Nous n'avions pas encore fait le Big Bouddha Tour, nous ne savions pas encore.

Le problème, c'est que quand on a réservé nos billets, et bien... il faut regarder la vérité en face, on a un peu surestimé le temps qu'il fallait y passer, à Dunhuang. Et il est inutile de penser pouvoir partir plus tôt en changeant son billet. Sur ce principe, on devrait vous dire que l'on a ainsi profité de ce temps divinement accordé pour nous imprégner d'une atmosphère, faire des rencontres, regarder la ville qui vit. On vous l'avait vendu ça aussi. Qu'une ville pouvait être belle sans le chercher. Qu'il fallait aller au hasard et tout un tas de trucs qu'on avait cru intelligent de dire. Mais des fois, malheureusement, les villes n'ont pas toujours grand chose pour elles. Toute notre démonstration s'effondre. Ce sont des questions complexes, finalement. Et peut être faut-il y voir un retour de bâton qui vient nous dire qu'il n'y a pas de catéchisme à suivre, de recette miracle à dérouler, ou de conclusion unique à tirer lorsqu'il s'agit des villes.

Il faut dire que oui, en fait, il y a les villes qui vous montrent un cœur qui bat, et d'autres non. Dunhuang est en léthargie une bonne partie de la journée. La chaleur y est trop forte. On est au milieu du désert, mais on a construit une ville moderne dont les façades vous renvoient les rayons comme dans un four solaire. L'image de l'oasis du désert à quelques siècles de retard. Quand on essaie quand même de s'aventurer en ville avant la fin du jour, on voit des grilles baissées derrières lesquelles attendent des blocs de clim. On a l'impression que l'on ne vend et n'achète que ça à Dunhuang. Et les gens, évidemment, sont chez eux, devant leur bloc de clim, alors que nous, sous prétexte qu'il faut découvrir une ville en l'arpentant au hasard, on se met en danger de mort.

Le marché du soir s'anime principalement le soir. Pas de surprise. Les habitants s'y retrouvent pour manger. Pas de surprise non plus. Il y a quand même une petite ambiance de kermesse, puisqu'un chinois qui mange, c'est un peu une fête. Troublés par ces effluves de brochettes, de pain au sésame et aux épices, par ces bouillons farfelus de pâtes gélatineuses qui fument sur la place et dans les allées du marché, on se met quand même à apprécier la vie de la ville. Nous en attendions plus mais pourquoi ? Pourquoi ne pas juste apprécier cette différence criante d'activité, cette fin d'hibernation quotidienne ? Tiens, ne serait-on pas en train de retourner d'une jolie pirouette notre propos en direction de celui de l'article de Lanzhou. Même si vivre la ville était un peu plus dur qu'à Lanzhou, ne l'a-t-on pas fait finalement ? Qu'aurions nous pu faire d'autre d'ailleurs que vivre la ville telle qu'elle est, pendant ces trois jours où nous devions y rester ?

MPI_Article Dunhuang_Image 2_Marché de nuit 1

MPI_Article Dunhuang_Image 3_Marché de nuit 2

MPI_Article Dunhuang_Image 4_Marché de nuit 3

MPI_Article Dunhuang_Image 5_Marché de nuit 4

Pendant ces trois jours, nous avons séjournés au marché, le soir. Pendant le reste du jour, quand nous aussi nous n'étions pas réfugiés sous les blocs de clim, nous sommes allés vers les sites. Les dunes d'abord, pour se rendre compte que nous étions dans une oasis du désert. Elles sont là, en bordure de ville. Dunhuang était donc bien une oasis. Ces dunes, nous n'y monterons pas. A l'instar des remparts de Xi'An, pourquoi payer une blinde (oui, les dunes sont payantes !) pour voir des immeubles sans charme de haut ? Nous resterons sagement à distance et à hauteur ville. Les dunes sont devenues aujourd'hui un parc à activités de sensations fortes : pour quelques gros paquets de yuans, on peut y faire de l'ULM (type delta-plane ou type hélicoptère), du buggy et du surf des sables. Très peu pour nous. Il faut vite retourner au marché.

MPI_Article Dunhuang_Image 6_Dunes 1

MPI_Article Dunhuang_Image 7_Dunes 2

Et puis, vient le moment de vous parler du clou, du summum de l'attraction : les grottes de Mogao. Encore un truc organisé par le China Cultural Heritage, et même auréolé de l'estampille UNESCO. C'est peu dire. Si vous aimez les troglodytes (et pas les grottes), les décors lunaires à la Star Wars, les musées de peintures sur bois, les statues bouddhiques, les parcs à thèmes en général, le Futuroscope en particulier, les façades de béton projeté et les portes en bois avec des numéros dessus, les grottes de Mogao sont faites pour vous. Nous, nous ne sommes par réellement de gros fondus d'au moins un des éléments de cette liste, mais, avouons-le, on est quand même tombés sous le charme et avons été impressionnés par ces grottes-entre-guillemets.

L'emballage des grottes (une affreuse façade de béton projeté apposée sur la pierre) est néanmoins à revoir. L'emballage de la visite, qui commence dans un grand bâtiment tout neuf situé à 15 km des grottes, par un circuit de cinéma d'abord presqu'IMAX et ensuite assez-Géode est un peu too much, mais vu que le billet coûte une blinde, vous ne clignez pas des yeux une seconde. Vous avez juste mieux vu les grottes que vous allez voir ensuite, et vous êtes dégoûté de savoir ensuite que votre grotte préférée du film est fermée au public.

Nous ne pouvons malheureusement pas vous montrer l'intérieur des grottes. Photographies interdites. Vous devrez sur cette page, vous contenter des espaces extérieurs. Mais comme c'est un peu dommage, vous pouvez vous rendre compte de la finesse des anciens, en cliquant sur ce lien.

MPI_Article Dunhuang_Image 8_Grottes de Mogao 1

MPI_Article Dunhuang_Image 9_Grottes de Mogao 2

MPI_Article Dunhuang_Image 10_Grottes de Mogao 3

MPI_Article Dunhuang_Image 11_Star Mogao Wars

Après Dunhuang et les grottes de Mogao, nous ne savons plus quelle conclusion tirer sur les villes et les sites. Nous ne savons pas si nous devons maintenir notre précepte construit sur la base de Lanzhou. Peut être avons besoin des sites pour que notre route soit ponctuée d'intérêt ? Peut-être que notre route pourrait ne pas les avoir ? Peut-être devrait-on prendre notre route telle qu'elle est, les sites avec ? Et la route que nous prenons est celle que l'on construit. Et si nous l'avons construit trois petits points.

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