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24 octobre 2016

Lanzhou, une bonne occasion de vous parler des chinois-supers

Comme vous avez pu le lire tout dernièrement, ou le constater pour certains autour d'un bon-verre-de-l'amitié-comme-au-bon-vieux-temps, nous sommes déjà rentrés que nous n'en sommes qu'à la moitié de la Chine sur ces pages. Mais il va bien falloir que l'on vous parle de Lanzhou quand même. Et ceci sera un article mollement engagé (contre les guides touristiques qu'on va dire du mal et qu'on utilise quand même) et doucement préventif (pour tous ceux qui diraient du mal des chinois qu'on dit quand même qu'ils sont bien nombreux).

Un article aussi qui nous permet de nous réapproprier le français qu'on avait un peu oublié à force qu'on parlait que notre patois entre nous. Soyez donc indulgents avec qu'est ce qu'on va dire.

Enfin un article 100% canapé de chez nous. V'la t'y qu'on y est bien !

Que les guides qui disent que Lanzhou n'a aucun intérêt soient interdits à tout jamais

Lanzhou, sur le papier des guides, elle n'a pas grand chose pour elle. Une ville de trois millions d'habitants, construite sur la rive droite du Fleuve Jaune, étalée sur une bande de plus de vingt kilomètres coincée entre ce fleuve boueux et des montagnes vert-jaune cramées par le soleil. Les pictogrammes des sites à visiter sont bien esseulés sur la carte d'un centre délimité on ne sait comment par l'éditeur. On nous explique aussi qu'à Lanzhou, trouver un logement est cher, voire impossible pour les étrangers. En bref, on ne nous donne pas vraiment l'envie d'y aller. Nous, ça nous intéressait cette affaire.

L'architecture y est en effet celle des gratte-ciel d'utilité : des blocs hauts, pratiques et fonctionnels qui permettent de tout ranger. Oui, c'est vrai, on est bien loin de l'architecture des tours de verre profilées, skylines new-yorkaises esthétisées, que l'on retrouve sur des faux tableaux juste avant les caisses chez Ikea. De l'autre côté de l'eau, directement une colline abrupte. À défaut d'être rasée, elle n'a pas été réellement exploitée. On y a mis un temple et le parc qui va avec. Oui, c'et vrai, ce n'est rien d'extraordinaire, un temple avec un parc. Aujourd'hui, par derrière, quelques premières tours terminées et quelques autres en construction. Banal, oui, c'est vrai.

MPI_Article Lanzhou_Image 1_Lanzhou centre est

MPI_Article Lanzhou_Image 2_Lanzhou centre ouest

MPI_Article Lanzhou_Image 3_Sur le fleuve jaune

L'intérieur de la ville est dense. Les dômes des mosquées se retrouvent en boite entre quatre tours bétonnées et décrépies. En-bas pourtant, le long du Fleuve Jaune, c'est la légèreté des jours d'été. La chaleur vous pousserait même dans cette eau plus marron que jaune. Les gens du coin n'y vont pas. Ils restent au bord. Les gamins tentent d'y mettre un pied comme dans une eau trop froide. Sur les berges, des péniches sont de gigantesques lieux de rencontres. Jarres de thé et bidons de bière cohabitent, au dessus des écorces des graines de tournesol jonchant le sol, mangées frénétiquement dans de longues fins d'après-midi. Le coucher de soleil coupe de l'agitation, berce comme de vraies vacances. C'est beau une ville juste avant la nuit. Même s'il n'y a rien de spécial à y faire.

MPI_Article Lanzhou_Image 4_Buildings

MPI_Article Lanzhou_Image 5_Buildings et coupole

MPI_Article Lanzhou_Image 6_Lanzhou plage 1

MPI_Article Lanzhou_Image 7_Lanzhou plage 2

MPI_Article Lanzhou_Image 8_C'est beau une ville juste avant la nuit

MPI_Article Lanzhou_Image 9_C'est beau une ville juste avant la nuit 2

Quelques artères veulent ressembler à Shanghai, mais ne sont qu'une pâle copie des déjà vielles allées commerçantes pékinoises. Mais ce n'est pas grave. Dans ces rues piétonnes aux commerces encore ouverts, l'espace public devient salle de danse, parc d'en-bas d'immeuble. Les vieux, les jeunes, les bons et les maladroits exécutent sous une chaleur humide des mouvements qui les font se purger des mauvaises toxines et des mauvaises pensées. On en deviendrait jaloux, et on en voudrait chez nous, de ces fins de journées. À quelques mètres à peine, les ruelles de vendeurs de nouilles, de fritures et de fruits donnent le suffisant pour vivre. Vivre de nouilles et de bière fraiche, dans ces restaurants musulmans qui s'en contrefoutent que X ou Y aille en chercher une à la boutique d'en face pour la boire chez lui. Les familles s'y attablent et font grand bruit. Elles se régalent d'une cuisine simple et peu chère, sur un coin de table de jardin d'une campagne lointaine.

MPI_Article Lanzhou_Image 10_C'est beau une ville la nuit

MPI_Article Lanzhou_Image 11_Ca danse une ville la nuit

MPI_Article Lanzhou_Image 12_Ca danse une ville la nuit 2

Si c'est vrai que Lanzhou ne possède pas énormément de sites historiques, qui sont bien trop souvent ceux vers lesquels on se tourne, par facilité, parce que les guides nous les décrivent et nous les positionnent sur carte, Lanzhou a au moins un intérêt certain : une vie qui court dans une ville. Une ville où il faut se contenter de se promener au hasard. Car voir une ville c'est en fait ne pas voir les sites historiques que l'on nous vend à coup d'adjectifs et de superlatifs. Lanzhou est une ville sans sites qui vous phagocytent vos journées et votre énergie. On n'a jamais été aussi en forme qu'à Lanzhou. Et, pour ceux qui viennent avec l'intention de voir la Chine, Lanzhou devrait être une étape obligée. Ou alors tout autre ville qui n'a pas, soi-disant, d'intérêt. Il faudrait que les guides aient les cojones de nous la vendre Lanzhou, de nous dire la vie qui y court, de nous dire la beauté simple d'une ville qui ne s'est pas préoccupée d'être belle.

Le prochain qui dit du mal d'un chinois devant nous, on lui fait bouffer ses baguettes

Et puis Lanzhou va être l'occasion pour nous d'aborder, après l'épisode sur les super-chinois, la facette des chinois-supers, qui n'est pas limitée à la seule ville de Lanzhou du reste. Mais l'histoire de Lanzhou en est un bon exemple. Alors que nous cherchions désespérément une gare routière qui ne semblait plus exister, dans l'ouest de la ville, après avoir déjà enchaîné deux bus urbains grâce aux gestes des locaux qui nous aidaient du mieux qu'ils pouvaient, nous nous retrouvons dans l'impasse. Aucun kiosquier de la rue où elle devrait être (d'après le guide !), n'est en mesure de nous la situer. Aucun passant non plus. Jusqu'à ce qu'une jeune fille bien habillée pour aller travailler, nous voyant clairement perdus, ne s'enquière de notre destination. Pour elle aussi, cette gare routière est mystérieuse. Une collègue la rejoint. Elle ne nous sauvera pas, elle non plus. Enfin pas tout de suite. En bonnes chinoises, elles se lancent dans des recherches sur leurs smartphones, puis lancent quelques appels.

D'autres chinois veulent nous venir en aide, mais sans succès. Cette gare routière semble ne pas exister. Mais là où tous se seraient arrêtés, la volonté de fer du chinois, lui dit de ne rien lâcher. Il y a encore quelques années, on aimait bien souligner le fait que le chinois qui ne sait pas répond alors n'importe quoi, pour ne pas montrer qu'il ne sait pas. On ajoutait volontiers que c'était pour ne pas qu'il perde la face. Mais rien de tout cela. Encore un appel. La personne du bout du fil va, une fois le téléphone rouge pressé sur l'écran, passer un appel à une autre connaissance, qui va peut être faire de même, véritable chaîne de l'espoir, puis rappeler. Quelques minutes après, une chanson pop retenti et la jeune fille décroche. Il y a une information. Il faut prendre un nouveau bus de ville. Puis traverser une avenue par le pont. Puis marcher de l'autre côté. Puis trouver un petit chemin qui conduit derrière de grands murs. Nous ne ferons rien de tout cela nous-mêmes. Elles nous accompagnent dans ce long périple urbain. Nous ne voulons pas les mettre en retard mais elles nous disent que le travail peut attendre. À la station, elles s'assureront de nous réserver les bons billets, voudront même payer pour nous, ce que nous refuseront, puis s'assureront que nous montions dans le bon bus. Combien de merci pourrions-nous dire, le temps qu'elles regagnent ce carrefour où nous les avons rencontrées ?

Les chinois-supers, oui, sont légion. Partout en Chine, nous pouvons les rencontrer. Curieux, juste désireux de rendre service. Ils vous demanderont en échange, toujours, ce que l'on pense de la Chine, si on aime la Chine. Dans ces moments d'échange, d'amicalité entre les peuples, de grâce et tous les autres qualificatifs, adjectifs et superlatifs que nous aussi on pourrait utiliser comme un bon guide qui vend un site, on répond tout de go que l'on adore la Chine, car elle est belle et remplie (mais alors bien, bien remplie) de chinois-supers. Et on ne ment pas lorsqu'on le dit. Et cela nous fait plaisir que nous puissions nous servir d'un si bel exemple, dans notre article sur Lanzhou, cette ville où l'on nous suggère de ne pas s'y arrêter.

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