Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Moscou - Pékin - Istanbul : 8 pays, 25.000 km à travers l'Asie
8 octobre 2017

Bichkek, Bichkek ! – Episode 1 : l’installation

Bichkek, notre maison. Notre drôle de chez-nous. Un demi-mois passé à arpenter ses rues perpendiculaires et interminables, souvent pour des tâches ingrates, attendre, dormir dans des dortoirs, trouver une routine, manger, boire, attendre, ne pas avoir beaucoup d’objectif sinon celui de savoir de quelle manière nous allons pouvoir continuer notre route. Bichkek, le lieu de notre voyage où nous passerons le plus de temps. Au début subit, à la fin apprécié, ce temps nous a donné le début du sentiment de l’expatrié, celui qui d’abord découvre sans se presser puis ensuite vit une ville, quelque part, et qui n’est plus en voyage, finalement. Sauf que nous n’y avons aucun travail pour nous maintenir éveillés. Nous avons juste quelques tâches à y faire. Nous avons pourtant passé, au total, un neuvième de l’ensemble de notre voyage à Bichkek. En y repensant, cela paraît démentiel. Et en arrivant, c’était imprévisible.

Nous sommes arrivés à Bichkek à notre 62e jour de voyage. Nous la quitterons pour la dernière fois à notre 86e jour. Oui car, comme un expatrié, on a quitté la ville où l’on s’était établi, pour quelques jours quand on l’a pu, et on revenait y faire nos petites affaires. Nous l’avons quittée deux fois, temporairement. Et la troisième fois, quand c’était définitif, nous l’avons quittée avec regret, car on l’a aimée, avec le temps. Bien sûr, on l’a quittée avec envie aussi, car Bichkek a été le lieu où nous avons dû tellement et de manière continue penser à la suite du voyage, en se demandant si nous allions pouvoir tracer la route comme nous l’avions imaginée, ou, tout bonnement, devoir changer radicalement de route, perdre le lien, l’enchaînement, l’idée que nous avions imaginée avant le départ et évoquée dans le tout premier message de ce blog, que finalement, même si nous nous sommes bien sentis à Bichkek, nous avions emmagasiné, jour après jour, l’envie  pressante d’aller dérouler les kilomètres étudiés si longtemps sur les cartes. Alors quand nous l’avons quittée, nous avons lâché les chevaux. Et lâcher les chevaux au départ du Kirghizistan, c’est la chose la plus kirghize qu’il pouvait nous arriver.   

Avant cela, bien avant cela, nous avions enchaîné les étapes, ces longues étapes que nous avons décrites dans de longs articles tout dernièrement. Nous avions en effet accéléré pour rejoindre Bichkek et prévoir la suite. Réaliser les formalités administratives restantes, dans le timing, pour obtenir nos deux derniers droits d’entrée, nos deux derniers droits de poursuivre notre route, l’iranien et le turkmène. Pour le premier, la procédure que nous avions lancée un mois et demi plus tôt, depuis la Mongolie, via une des agences agrées par le Ministère des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, s’est conclue en trois jours et quelques kilomètres de marche le long de Moscovskaya. Une formalité. Pour le second, le turkmène, pour lequel tout était à faire, il nous en a coûté beaucoup d’énergie et de patience. Et finalement, de par la volonté de Monsieur le Consul de la République du Turkménistan au Kirghizistan, cet homme affable, nous avons eu l’occasion de découvrir dans un rythme lent une capitale en douce transformation, et où il a fait pour nous bon vivre.

Nous entrons pour la première fois dans Bichkek, le 13 août 2016 au soir, dans une nuit noire. Pourtant, le matin même, le long du bazar Kelechek de Och, Juliette avait donné toute son énergie en criant « Bichkek !, Bichkek ! » pour faire en sorte que l’on remplisse la voiture et que l’on parte au plus tôt, forcément pour arriver au plus tôt, et si possible avant la tombée de la nuit. C’était raté. Il y avait encore pourtant un peu de clarté au moment où, à la toute fin de la descente du col de Tör-Ashüu, nous avions pris la direction plein est pour la dernière portion de route avant la capitale. Mais, malgré toute l’ardeur du pilote, au-delà même de ce qu’on pouvait espérer de lui, ça n’avait pas suffit. Il s’est donc arrêté le long d’une rue calme et sombre, bordé d’un grand bâtiment de type entrepôt gris du bazar d’Och, et nous a fait comprendre que c’en était fini. Pour finir la route et nous faire rejoindre une zone que nous avions repérée propice aux auberges pas chères, le chauffeur du marchroutka nous négocie sans que l’on ait le droit de dire oui ou non, un taxi pour 150 soms, qui attendait seul dans la pénombre, quelques dizaines de mètres plus loin. Avec l’expérience de la veille à Och, dans le taxi de nuit, on a pensé au pire.

Nous sommes débarqués là où nous l’avons demandé, à l’angle de Moskva et Soviet. On part à la recherche de l’auberge repérée sur le guide. Il s’avère que d’après la carte, il faut s’aventurer dans des arrières-rues de cours d’immeubles soviétiques, que l’on rejoint par des chemins à la lumière tout au plus blafarde. Il ne manquerait qu’un peu de brouillard et des bruits d’animaux dans les fourrés pour achever notre confiance. Comme nous l’avons connu à Moscou, les auberges sont parfois des appartements un peu adaptés, sans enseigne sur l’extérieur, et il faut sonner à l’interphone comme pour aller chez un ami. Au numéro supposé nous ne voyons rien. Nous essayons de contourner l’immeuble, revenons sur nos pas, encore confiants mais un peu frustrés. Après une journée pareille, on n’aurait pas démérité trouver rapidement. Un petit groupe qui nous regarde de travers à coté d’une voiture moteur démarré et autoradio qui diffuse bien, finit par s’approcher, et s’enquiert de ce que nous faisons-là. Cela veut tout dire : ce n’est pas bien habituel pour des blancs à sac à dos de se retrouver ici dans la nuit noire. Après explication, nous sommes à la bonne adresse, mais personne n’a jamais connu d’auberge ici. Une jeune fille attirée par l’attroupement vient prendre le contrepied du groupe et indique que oui, une auberge a bien existé au deuxième étage du bâtiment 4, mais qu’elle a fermé il y a quelques années déjà. Elle avait même connu une fille qui travaillait là.  

Puis la mère de la jeune fille qui était un des personnages les plus bavards du groupe commence à essayer de nous trouver une solution. Elle demande autour d’elle, la fille passe deux coups de bigo, la chaîne de l’espoir se met en place. Une adresse se fait confirmer au bout de quelques minutes. On nous dit que c’est bon. Ils ont une autre adresse. Ce n’est pas le Pérou – ça n’a pas été formulé en ces termes –, mais la jeune fille connaît un mec qui bosse là-bas, que ça devrait faire l’affaire et que ce n’est vraiment pas cher. Clairement, on se dit que un, la fille a des fréquentations très liées à l’hôtellerie bon marché, deux, que pourquoi pas tomber dans un truc avec six kirghizes chelous qui vont nous regarder dormir après tout, trois, vu comme on est lancés, on ne va pas leur dire non merci pour votre aide, on a envie de poser nos sacs et d’aller boire une bière, la route de la journée à vraiment été trop longue, rappelez-vous l’article précédent. Nous nous mettons donc en route avec la mère et la fille qui nous entraînent dans des dédales de petits chemins flippants qui longent des édifices dont l’on ne devine pas le haut, et nous arrivons dix minutes plus tard devant un petit immeuble, derrière la grande Poste, un peu après un carrefour (Kiev/Soviet) animé par deux kebabs.

Une porte métallique donne d’abord sur un petit jardin, une porte en bois sur une cage d’escalier. Les deux femmes nous font signe de monter et disparaissent avec un furtif rictus timide du service bien fait. Sauf que, un palier plus haut, on se retrouve devant des portes qui ne nous en disent pas plus. Sur l’une d’elle, il y a un tout petit autocollant, peut être d’un groupe de musique local, peut être d’un bar du coin. On tente. Pas de réponse. Et quand on commence à redescendre, la porte s’ouvre. Un jeune ouvre la porte, un peu interloqué. Si interloqué même qu’il pense qu’on s’est plantés, et que lorsque nous lui demandons s’il y a des lits de disponibles, il perd un peu ses moyens, comme s’ils ne pouvaient pas nous convenir, ou aussi peut-être parce que l’anglais le mettait vraiment mal à l’aise. À un moment, on a même cru qu’il allait nous envoyer dans un hôtel un peu mieux, mais nous avons insisté pour qu’il ouvre un dortoir. Deux lits superposés qui grincent avec des planches en bois pour sommier : impeccable, on commençait à s’habituer au confort des bagnoles. Nous y passerons six nuits et de nombreuses heures du jour. 500 soms, lessive gratuite, une petite kitchenette à peine plus grande que celle que nous avons à Paris, un wifi aussi performant que celui que nous avons à Paris. Demander plus serait faire injure au vœu de pauvreté que nous avons fait pour ce voyage. Car si nous avions fait vœu de radinerie ou de malice, nous aurions voulu mieux pour moins cher.

Le reste de l’appartement est constitué de deux dortoirs un peu plus grands, qui occupent ce que doivent être en temps normal une chambre parentale et un grand salon. La déco est celle de chez des grands-parents. Il ne reste qu’une petite salle attenante à la kitchenette pour se poser sur quatre chaises autour d’une table en formica. Parfois on s’installera dans notre chambre, autour d’une petite table de chevet dont on se servait en table basse, pour pique-niquer un kebab du coin ou une salade du rayon traiteur du super d’en bas. Nous ne partagerons la chambre que la première nuit avec un couple slovaque arrivé encore plus tard dans la soirée, quand nous étions enfin en train de boire notre bière. Le reste du temps on sera vraiment chez nous, dans cette petite chambre, mais en ayant toujours en tête qu’à tout moment, la porte pouvait s’ouvrir et que de nouveaux occupants pouvaient troubler notre sérénité, nos habitudes, le calme d’une chambre à soi. Principe du dortoir. Nous assumons pleinement de le choisir pour son coût, tout en disant haut et fort, qu’à ce moment du voyage, nous ne voulons pas faire de rencontre par son biais, et que nous ne voulons pas être emmerdés par la présence des autres.

Pendant six jours, nous croiserons un peu toujours les mêmes personnes dans cet appartement de 60 mètres carrés : des jeunes kirghizes qui travaillaient plus ou moins là en l’échange d’un lit, des vieux kazakhs qui ne sortaient pas beaucoup de leur chambre, des mecs bizarres mais avec pour point commun que c’étaient des gars bien russes ou d’origine russe, qui venaient vider quelques Baltika l’après-midi avec les jeunes qui tenaient par rotation l’auberge, des étudiants qui en fait avaient loué l’appart et l’avaient blindé de lits superposés, sans doute récupérés dans une ancienne caserne, et se faisaient du blé comme ça, mais avaient donc des potes qui venaient zoner car c’était bien pratique, et dont on se seraient bien passés car ils n’inspiraient pas grande confiance avec notre porte qu’on ne pouvait pas fermer. Mais ce que nous avons aimé dans cet appartement, c’est que nous étions à mille lieux des ambiances d’auberge de jeunesse qui parfois sont un peu pesantes, il faut bien le reconnaître. Nous n’avons rien contre le principe même de l’auberge de backpacker. C’est parfois bien pratique. Parfois bien drôle. On ne se place pas au-dessus de tout ça, bien sûr, mais parfois, il y a quand même des cons sur la route, et disons qu’il faut les utiliser avec modération, les auberges, pour conserver une bonne santé mentale. Au début on cherchait une auberge, au final on était bien content d’avoir trouvé cet appartement.    

Puisque nous sommes restés six jours dans la capitale kirghize lors de ce premier séjour, c’est que nous avions à faire. Notre activité était basée sur une suite de petites tâches inintéressantes au possible, mais néanmoins cruciales. Préparer des visas n’est jamais stimulant, et nécessite toujours un peu de logistique et surtout de temps. Ce qui va prendre le plus de temps dans notre affaire, c’est le fait de devoir faire deux demandes consécutivement. Mais c’est préparer notre avenir, et on s’y colle : c’est nous qui l’avons voulu après tout. On passe donc de longues heures dans notre chambre à préparer tout ça. Car oui, préparer des visas pour ces deux pays là, c’est remplir des formulaires sans fin, où dès lors qu’il ne s’agit plus de décliner son identité, on a l’impression qu’il n’y a que des questions piège. Il y a à chaque ligne un peu plus de pression que pour un dossier entier pour la Mongolie. Evoquer les liens qui nous lient, Juliette et moi, sur les formulaires iraniens, nous a fait tergiverser une demi-journée. Ecrire la raison qui nous fait vouloir traverser le Turkménistan au moins le même temps. Pour chacune de ces questions, il fallait faire de longues recherches sur les forums pour voir ce qu’avaient répondu certains et qui ne leur avait pas été préjudiciable, ou au contraire, bénéficier de la mésaventure de malheureux pour savoir ce qu’il ne fallait surtout pas écrire. On apprend de nos erreurs mais aussi beaucoup de celles des autres.

Le plus dur également était de se projeter dans notre voyage. Le visa turkmène qu’il est envisageable d’obtenir est un visa de transit de cinq jours. Il faut lors de la demande dire quel jour et par quel poste frontière nous voulons entrer et nous voulons sortir du pays. Il faut donc avoir estimé sans rien connaître des étapes à faire, juste une courbe quand même un peu réfléchie sur une carte, combien de jours nous allons passer d’ici là, et jusqu’où. Il faudra que cette date soit prise comme une donnée d’entrée, une contrainte, et la respecter. Mais si on peut bien viser, c’est mieux. Mais, surtout, le visa turkmène est un ticket de Banco un peu plus cher, avec un risque réel de ne pas être heureux au grattage. Vraiment, rien ne nous garantit de l’obtenir. Les critères sont plus que mystérieux. Sur les forums sur lesquels nous passons de nombreuses heures par jour, nous comprenons qu’il y a des nationalités à éviter. À moins d’avoir deux passeports, on ne choisit pas. La France a quand même l’air de ne pas être trop visée en cette époque. C’est peut être un bon moment pour jouer. À l’inverse, je ne sais pas ce qu’ont fait les néerlandais avant l’été, mais la rumeur qui émane de Caravanistan dit que pour eux, le tenter c’est comme mettre cent euros directement à la poubelle, sans que l’on ose cela dit la comparaison avec les autorités de la République du Turkménistan.

Etant français, il fallait donc y croire. Nous avons monté nos dossiers avec le plus grand sérieux. Il nous fallait pour cela aller trouver des Internet cafés pour imprimer nos justificatifs et nos formulaires, faire les copies de nos passeports. Il nous a fallu entrer dans plusieurs immeubles avant d’en trouver un d’encore ouvert. Les Internet cafés, pas plus que chez nous, ne subsistent à l’arrivée généralisée du wifi dans les foyers. On a vu à travers des vitres sales des salles vides avec des carapaces de vieux PC et des bureaux qu’on a dû défoncer de rage au moment de mettre la clé sous la porte. C’était tellement soviétique, ces rez-de-chaussée à l’abandon. On a adoré. Finalement, nous trouvons une salle toute pourrie avec des PC derniers cris et des mecs qui n’ont plus dû dormir depuis trop longtemps, casques vissés sur les oreilles, yeux exorbités. Il en émane un vacarme de frappes compulsives sur les claviers, de clics de souris et de ventilateurs en position maximale. De temps en temps un gloussement victorieux, trouve réponse au fond de la salle, par un gloussement qui peut vouloir dire bien joué, tu fais chier, ou j’en ai marre. League of Legend les abrutit aussi fort que la chaleur qu’il fait dehors. C’est encore les vacances d’été et les ados s’emmerdent ferme à Bichkek.  

Il fallait aussi faire des photos d’identité. On a fini par trouver des jeunes qui avaient une boutique d’un mètre carré dans le sous-sol du croisement de Chuy et de Soviet. C’est un placard bien utile où ils te prennent en photo avec un vieux numérique et en quelques minutes te photoshopent avec une version d’essai. Ils font de tes cheveux un casque de Playmobil, mais ils t’enlèvent tes plaques rouges et brillantes de sueur. C’est réglo. Il faut ensuite aller aux ambassades, remplir des papelards et coller les photos. Les photos n’ont pas été rejetées, alors qu’en vérité, quand on est reparti avec du placard on avait quand même des gros doutes. Ensuite on t’envoie dans une banque payer des droits. Ensuite il faut revenir avec un reçu. Bien sûr à chaque fois il a fallu attendre. Ça fait passer le temps. Ca fait nous balader.

La ville de Bichkek pourrait être qualifiée de ville fonctionnelle, pour rester positif. Ce n’est pas que tout a été pensé pour que tout fonctionne bien, qu’elle vive avec toutes les fonctionnalités modernes et efficaces. Non, c’est qu’on ne peut lui concéder aucune folie esthétique qui inciterait à vagabonder pour vagabonder. Le pittoresque est rugueux et froid. Pour donner un exemple, ce n’est pas Rome. Non, ce serait plutôt Soviet City. On ne lui demande rien d’autre que fonctionner comme elle peut.

On passe de temps à autre devant un monument, une statue d’une dizaine d’année, un bâtiment d’intérêt, souvent un grand pavé blanc ou gris. Mais ce sont surtout les rues interminables et semblables qui défilent devant nous. On y marche de longs kilomètres. Il y a bien des bus et des taxis, mais pourquoi chercher à aller plus vite. On s’arrête aux passages cloutés, régulièrement espacés, et on regarde le flot des bagnoles. Ca nous permet de marcher au pas, de réguler notre sudation. On regarde les enseignes sans jamais regarder les vitrines. Nous n’avons pas grand-chose à acheter en ce premier séjour. Si, peut être un shampoing. Une glace dans l’après midi. Les seuls trucs qu’on dépense vraiment ici, c’est notre temps, dans une ville avec encore bien des aspects, d’un autre temps.

MPI_Article Bichkek_Image 1_Soviet city 1

MPI_Article Bichkek_Image 2_Soviet city 2

MPI_Article Bichkek_Image 3_Kirghiz city 1

MPI_Article Bichkek_Image 4_Soviet city 3

MPI_Article Bichkek_Image 5_Soviet city 4

MPI_Article Bichkek_Image 6_Soviet city 5

MPI_Article Bichkek_Image 7_Soviet city 6

MPI_Article Bichkek_Image 8_Soviet city 7

MPI_Article Bichkek_Image 9_Soviet city 8

MPI_Article Bichkek_Image 10_Soviet city 9

MPI_Article Bichkek_Image 11_Soviet city 10

Le reste du temps était occupé par des siestes et des apéros.

Publicité
Publicité
Commentaires
Moscou - Pékin - Istanbul : 8 pays, 25.000 km à travers l'Asie
Publicité
Moscou - Pékin - Istanbul : 8 pays, 25.000 km à travers l'Asie
Archives
Publicité