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Moscou - Pékin - Istanbul : 8 pays, 25.000 km à travers l'Asie
26 juillet 2016

Sur les routes de Mongolie - Partie 3 : Le désert, c'est aussi du sable

Vendredi 01/07/16 - Jour 5 : Bayanzag - Dunes de Khongor Els

Nous nous arrêtons rapidement après avoir pris le départ. La pause sera longue car Ogi, notre chauffeur, a disparu pendant que nous faisions nos provisions. Après 25 minutes il réapparaît enfin. Sur la place pourtant déserte, il aperçoit une connaissance. Quinze minutes supplémentaires. Puis, quand l'ami part, c'est une cigarette qu'il allume, et que nous devons attendre. Le matin, les départs sont longs, et nous devons nous occuper en attendant que l'équipage se mette en branle. En Mongolie il faut savoir être patient. Le temps n'a pas beaucoup d'importance. Et poser des questions sur le temps que cela prend ou le temps qu'il reste peut porter préjudice. C'est en tout cas une croyance mongole, largement respectée.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 1_Sur les routes et les parkings de Mongolie

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 2_En attendant Ogi

La route sera une fois encore belle comme pas permis, alors que c'est encore la steppe désertique qui se déplie. Personne ne semble s'en lasser car chaque jour un élément nouveau enrichit le paysage. Aujourd'hui des petits massifs qui dépassent à l'horizon. La lumière elle aussi est différente. Et puis sans parler des nuages nous font scotcher comme des népalais voyant la mer. Ils défilent rapides, rasants, leur blancheur tranchant avec le bleu du ciel aussi distinctement que le noir et le blanc. Leurs ombres animent les reliefs bombés et les étendues plates.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 3_Les nuages

La pause déjeuner s'effectuera à un endroit pris au hasard comme si on y était tombé en panne d'essence, le long de la piste. Notre guide Jara, aidée à l'occasion par Juliette, en sa qualité de femme donc de cuisinière !, sortira toute sa cuisine et l'installera dans le coffre pour nous préparer le repas, à base invariablement de peu de légumes, beaucoup de féculents, et alternativement, de chèvre ou de saucisson. Ce repas ressemble donc à tous ceux que Jara nous mitonne, mais cette terrasse de cent millions de mètres carrés sur laquelle nous le prenons nous fait oublier que nous remangerons la même chose le soir. Et que celui-ci était plus savoureux que tous les autres.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 4_La préparation du repas avec Ogi pour la photo

Nous passons un petit massif pour descendre enfin vers la plus grande étendue mongole de dunes du désert de Gobi. Le désert de Gobi, nous y sommes depuis presque le début du tour, mais sur ces interminables parties caillouteuses et herbeuses. Au pied des dunes, l'image d'un désert tel qu'on l'imagine, nous allons passer deux nuits en yourte. A notre arrivée, le thé au lait, oui, mais de chameau, et pour continuer dans les nouveautés, du tabac à sniffer que l'hôte nous tend dans un protocole bien huilé mais un peu expédié.

En fin d'après midi, nous partons à l'assaut des dunes. Pour ce faire, nous traversons une petite rivière au niveau bas, puis coupons droit pendant une demi heure une bande de désert à la végétation basse et épineuse. Une fois sur les dunes le spectacle est grandiose. Le sable presque vierge de pas, les crêtes aussi bien dessinées que celles d'Hergé, les ondulations du sable sur les versants exposés au vent précises. Bref, nous qui n'avons pas l'habitude de monter sur des dunes, depuis le Pila en 2013, grande année, nous sommes comme des gosses à la plage. A la différence du Pila et de la plage, nous sommes tous seuls.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 5_Une rivière à traverser

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 6_En allant vers les dunes

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 7_Khongor Els

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 8_Dans les dunes

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 9_Sur les dunes

A peine rentrés au camp, voilà que des nuages noirs arrivent de par derrière les dunes. Il ne suffira que de quelques minutes pour que des trombes d'eau ne s'abattent sur les dunes. Quelques éclairs viennent fendre le noir. Les chèvres deviennent folles et reviennent de la steppe vers le camp, passant sans vergogne au milieu des chameaux, et nous envahissant. Nous prenons le repas sous un petit abri dont le sol est couvert de ces milliers de petites billes noires que peuvent produire les chèvres à force de brouter de l'herbe à longueur de journée. De la chèvre on en aura dans notre assiette. Ici, nous pouvons avoir de la viande fraiche. Le bouillon est chargé en graisse. Les pâtes faites yourte sont revigorantes. Les patates, comme toujours, sont en trop.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 10_Orage sur les dunes

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 11_Chèvres affolées

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 12_Chèvres folles

La pluie finalement n'est pas venue jusqu'à nous. Elle est restée figée au-dessus des dunes, à déverser une eau qui aura été engloutie aussi sec par le sable. Les chameaux restent impassibles, les chèvres se calment. Nous, nous finissons la journée par une partie de cartes où on les claque fort et on hurle chaque bon coup. Les chameaux ne pouvaient pas dormir tranquilles. Petite vengeance, puisque nous yourtes tout à côté, étaient chargées de leur odeur si forte et prenante, qu'elle couvrait celles de nos dix pieds en péril.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 13_Chameaux après l'orage

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 14_Chameau qui veut dormir

 

Samedi 02/07/16 - Jour 6 : Dunes de Khongor Els

Ce qu'il fallait derrière une nuit comme celle-là, c'était de ne surtout pas faire de chameau. La couche était sommaire, une planche de bois avec une couverture repliée. Du chameau, c'est pourtant ce que nous allons faire après un petit déjeuner rapide de fromage fumé, et, heureusement, de pain perdu aux œufs et d'un biscuit dur, depuis le temps qu'on se les traîne.

Le tour en chameau, c'est un peu le truc inclus que tout le monde fait une fois arrivée là, au pied des dunes de Khongor Els. Au delà du côté impressionnant lors du redressement de l'animal, de l'odeur forte, de la caresse dure et des gueules de travers, un peu type lama ou alpaga, la balade est la même que celle que nous avons fait à pied la veille. Il n'y a donc en plus que l'inconfort de ce tapis posé entre les deux bosses. Aussi l'ennui de ne pas maîtriser sa vitesse, de ne pas faire l'effort, de ne rien guider. Les chameaux sont enchaînés les uns aux autres derrière le guide par des cordes qui leur passent à travers le nez. Pourquoi leur fait-on ça, à ces pauvres chameaux ? L'inconfort ils l'ont aussi. Je ne sais pas ce que je fous sur cette drôle de bête, sage malgré sa tête, et je n'attends qu'une chose, c'est que cette mascarade en finisse, et leur laisser la paix. J'ai presque envie d'en pleurer assis là haut comme un con. En règle générale je n'aime pas me déplacer sur un animal. Mais je sais pourtant que cela va encore m'arriver, même bientôt.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 15_Pauvres chameaux

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 16_Pauvres chameaux 2

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 17_Sur un chameau

Le repas du midi va nous permettre de découvrir la technique de la cuisson de la chèvre à la pierre chaude plongée dans l'eau avec des légumes et recouvert par une pâte. Les bouts de chèvre sont cette fois-ci entiers. Ils seront à sucer jusqu'au dernier filament de muscle sur l'os, jusqu'aux derniers amas de gras. On y va avec nos mains qui n'ont plus vu de savon depuis deux jours. On arrache les morceaux comme on peut. Juliette me refile ses morceaux. Si elle juge le goût fort, c'est à peine plus désagréable qu'un mauvais barbecue pour la partie muscle, et pour la partie graisse, c'est comme manger du saindoux sorti de la boite restée au soleil. On s'en fout plein la figure et les mains. On s'échange un torchon sale pour s'essuyer. Il n'y a aucun point d'eau, et on évite d'utiliser les bidons d'eau potable pour se rincer. Là, quand même, on a utilisé quelques centilitres, pour faire genre, mais ça ne nous a pas complètement ôter l'odeur fine de la chèvre.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 18_Repas à la pierre

Nous partons ensuite à quelques kilomètres du camp assister à un tournoi de tir d'osselets. Ce jeu mongol dont l'usage se serait développé seulement à la fin du XXe siècle, est un jeu de précision qui consiste à envoyer un petit bout carré d'os sur d'autres petites pièces d'os. Les villages alentours que l'on ne voit jamais dans ce désert, se sont réunis au pied des dunes, à quelques kilomètres du camp. Nous ne comprenons pas grand chose aux règles, les épreuves changeant rapidement, si ce n'est qu'il faut viser juste et dégommer de petits bouts d'os. Les images sont belles, mais la chaleur à crever. Nous nous installons sous une des tentes dressée pour l'occasion. Nous sommes l'attraction pour eux comme ils le sont pour nous., avec leurs chapeaux, leurs habits, leurs psalmodies d'encouragements et leurs clameurs d'un coup raté de peu. On nous offre alors de l'aïrag, le khumis mongol. C'est la première fois que nous en goûtons. Nous devons avaler trois gorgées consécutives en faisant un fort sip-sip-sip. Est-ce pour respecter une tradition ou pour les faire marrer ? Nous ne saurons pas. La bassine que l'on se tend de l'un à l'autre ne donne pas envie. Ça reste du lait de jument fermenté, et la surface du liquide n'est pas très égale. On sait que ça peut nous retourner le bide dans quelques heures, mais on le boit comme quand on fait une connerie et qu'on le sait. Au goût, ce n'est pas si horrible que ce qu'on en dit, et comme nous n'en avons bu que trois gorgées, nous n'en aurons pas l'effet d'ivresse.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 19_Le central

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 20_A l'arbalette

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 21_Bonne prépa mais raté

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 22_Tournoi

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 23_La planche de juLa planche à photos de Ju, jolis monochromes

Après le dîner, nous nous rendons à l'attraction du coin, les plus hautes dunes, sur la partie ouest. Des dunes qui sifflent sous l'effet du vent, et qui vrombissent de l'intérieur. Deux cent mètres de dénivelés, des pentes finales pas loin du 45° (au moins au ressenti), et une vue qui effectivement vaut les efforts consentis. Monter cette dune vaut plus qu'un footing de deux heures. Le Pila à côté c'est du pipi de chat. Même sur l'Annapurna, je n'ai jamais souffert autant, malgré l'altitude. Chaque pas nécessite une débauche d'énergie qui ne permet pas de trouver le bon rythme.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 24_La dune

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 25_La dune

Sur la dune, installés sur l'arrête précaire, nous restons de longues minutes, jusqu'à ce que l'astre disparaisse et encore un peu après. À côté de nous, un groupe de mongols célèbre la fin de leur aventure scolaire commune, 21 ans plus tôt. Les bouteilles de vodka sont de sortie. On nous en tend un gobelet en carton. Je suis le premier à goûter. Quand je passe mon nez au dessus du verre, il n'y a rien qui me rappelle vraiment quelque chose. Aucune vodka de marque commerciale jamais goûtée. J'en bois une gorgée raisonnable pour ne pas vexer, mais ma crainte est confirmée. Certains camarades de classe, cette vodka, ça les a quand même bien éméché. C'est le genre de truc qui rend aveugle, hein ! Quelques uns de ceux-là essaient de nous parler en anglais, mais ce n'est pas plus clair que la vodka. D'autres balancent quelques gouttes du breuvage sur la dune comme pour bénir le moment, ou remercier on ne sait quelle divinité. Certains des plus agités, redescendent une partie de la dune en roulé-boulé et remontent en fumant des clopes. Ils tiennent la forme, ces mongols, ces titans. A moins que ce ne soit la potion qu'ils engloutissent.

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 26_Du haut vers le nord

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 27_Du haut vers le sud

MPI_Article Tour Gobi Part 3_Image 28_Course de côte

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Commentaires
C
Carte postale d'Oulan-Bator reçue ce jour à Brest ! Ca donne envie...<br /> <br /> Bonne continuation.<br /> <br /> Régine
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G
Bonjour les touristes. Juste une question : vous est il possible de photographier une carte pour connaître votre position avec un tracé du parcours effectué ? Sinon,les photos sont exceptionnelles.à bientôt. Gérard
Répondre
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